Le service de Santé au travail (SST) d’Orange a mené une étude ayant comme objectifs d’évaluer les pratiques et ressentis globaux liés aux pratiques de connexion des salariés cadres, de définir et de caractériser les populations les plus connectées et d’établir un lien entre ces pratiques et leur état de santé. En effet, nous avions constaté des pratiques de connexion, semblant faire partie intégrante de la fonction de nombreux cadres mais souvent en décalage avec un équilibre vie privée/vie professionnelle favorable et sans prise de recul sur un éventuel impact sur leur état de santé. Nous avons mis en place une méthodologie permettant d’appréhender des aspects à la fois quantitatifs (questionnaire) et qualitatifs (entretiens ciblés) de la connexion. Nous avons travaillé en partenariat avec l’INRS, dans le cadre d’une thèse de doctorat. Environ 500 cadres ont été interrogés, sur une durée de 4 mois, en 2017, dans le cadre de leur visite médicale. La moitié des cadres travaille en dehors des horaires conventionnels et 1 cadre sur 3 peut être considéré comme surconnecté. De façon générale, la connexion est vécue comme ayant un impact positif sur le travail (autonomie, rapidité, flexibilité…) mais négatif sur la vie privée. Des temps de déconnexion sont recherchés par 3 participants sur 4, mais seule 1 personne sur 2 y parvient. Pour 1 participant sur 3, la déconnexion est associée à des conséquences professionnelles ou à des ressentis négatifs (perte d’information, remarques.). Nous avons également noté que plus le niveau hiérarchique est haut, plus le niveau de connexion est élevé. Un plus haut niveau de connexion entraîne également un plus haut niveau de stress et des ressentis négatifs (culpabilité, angoisse…) en cas d’impossibilité de se connecter. Il existe un lien entre l’état de santé et les pratiques de connexion. Chez les cadres les plus connectés, 1 personne sur 2 présente des symptômes (angoisse ou troubles du sommeil..). Nous avions noté que les pratiques de connexion de la hiérarchie étaient reprises par leurs équipes et que l’organisation globale du service et la nature de l’activité influaient assez nettement sur les niveaux de connexion. Il nous paraissait important de pouvoir mettre en débat les usages au sein des équipes et ensuite d’adopter les règles de bonnes pratiques émergeant de ces discussions. Pour cela, nous avons testé, avec l’aide de l’INRS, la pratique du Théâtre Forum, dans deux équipes de cadres. Cette démarche a permis d’ouvrir la discussion, à partir de situations concrètes choisies par les équipes et d’établir collectivement un certain nombre de règles. Par ailleurs, nous avons mis en œuvre une campagne d’information pour les salariés vus en visite médicale.